Pourquoi faut-il avoir des plantes sauvages au jardin ?

Longtemps considérées comme de simples “mauvaises herbes”, les plantes sauvages ont souvent été négligées pour faire de la place à d’autres cultures. Pourtant, comme toute chose dans la nature, leur existence fait partie d’un équilibre global et elles sont d’ailleurs très utiles au jardinier et à la faune locale.
Les plantes sauvages : un véritable bio-indicateur du jardin
En effet, les plantes sauvages ne se développent qu’à des endroits où les conditions sont favorables. Elles donnent donc beaucoup d’informations sur la qualité et la nature du sol, ses dysfonctionnements éventuels et son évolution future.
Vous pouvez donc en planter, et surtout utiliser celles qui sont déjà là comme des indices. Il suffit d’être attentif à ce qui pousse ou non sur votre terrain. Par exemple, si vous avez des fougères ou de la bruyère dans le jardin, votre sol est plutôt naturellement acide. A contrario, si vous avez des soucis ou de la chicorée sauvage, il est calcaire donc alcalin.
En connaissant la composition de votre sol, vous saurez quels végétaux poussent très facilement dans votre jardin, et quelles matières organiques apporter pour en faire pousser d’autres.
Une source de nourriture et de foyer pour les animaux sauvages
Les plantes ont toutes des propriétés intéressantes, et leurs mariages peuvent l’être tout autant, en termes d’équilibre, de pollinisation, et de nourriture pour la faune environnante.
D’abord, les plantes mellifères et nectarifères offriront pollen et nectar aux syrphes, aux papillons, aux précieuses abeilles à préserver, ainsi qu’à d’autres pollinisateurs, particulièrement lorsque les fleurs des plantes ne sont pas encore épanouies. Ces plantes à pollinisation sont nombreuses, nous pensons notamment au lierre, aux primevères, aux myosotis des bois, à la marjolaine et aux scabieuses.
Ensuite, les plantes à graines dont se nourrissent les oiseaux granivores, comme le pinson, la linotte, le moineau, le gros-bec ou encore le verdier, vous sont accessibles sous la forme d’orties, de pissenlits, de cerfeuil sauvage, de trèfles, de chénopodes, de fétuques, de graminées, de carottes sauvages, etc. Les carottes sauvages et la menthe pouillot sont aussi un mets de choix pour les chenilles qui adorent leurs feuilles.
Par ailleurs, beaucoup d’animaux font plus que se nourrir des plantes sauvages. Celles-ci leur servent aussi d’abris, de gardes-manger, et de lieux de reproduction, notamment la faune du sol et les insectes. Des plantes couvre-sol comme l’achillée millefeuille, le bugle rampant, le lierre, l’absinthe blanche ou encore des plantes à grandes tiges – ronces, grandes berces, cardères – laissées telles quelles feront un hôtel parfait pour ces animaux.
Protéger et nourrir la terre et les cultures naturellement
Les plantes sauvages ont des effets positifs très intéressants pour un jardinier, car il peut réguler et gérer l’équilibre de son jardin de façon totalement biologique et naturelle, sans aucun produit chimique.
D’abord, comme vous le savez maintenant, certains végétaux attirent des pollinisateurs. Ceux-ci se nourrissent aussi d’insectes nuisibles, comme la syrphe, vue ci-dessus (c’est une sorte de mouche déguisée en guêpe), qui est une véritable massacreuse de pucerons : une larve de syrphe peut tuer 300 pucerons en une nuit. Pas la peine donc d’asperger vos rosiers de pesticides, cet insecte viendra naturellement s’en charger si vous l’attirez avec les bonnes plantes (il occupe les jardins de février à novembre, et surtout en été) : coquelicots, pissenlits, carottes, orge, etc.
Les plantes vivaces, comme le bugle rampant et l’alysson blanc offrent une couverture végétale au sol durant l’hiver, le préservant de l’érosion, du gel et du lessivage.
Les plantes à systèmes racinaires puissants ou ramifiés, comme le bouillon blanc et l’orlaya à grandes fleurs, décompactent les sols ; tandis que le lotier corniculé et le méliot font un engrais vert idéal ; et que la bourrache et la consoude produisent une biomasse importante utile en se décomposant et en régénérant l’humus.
Certaines plantes sauvages sont réduites en purin, décoctions ou macérations afin de constituer des fertilisants, fongicides et insecticides entièrement naturels. Vous pouvez utiliser la menthe, la fougère, la lavande, l’ortie, la prêle, la tanaisie et la consoude.
Comment accueillir les plantes sauvages ?
Il vous suffit d’avoir un coin de jardin laissé en jachère où vous pourrez semer des plantes sauvages de votre choix. Il ne vous demandera quasiment pas d’entretien, simplement de l’arrosage régulier et un peu de surveillance, pour limiter la progression des herbes indésirables. Ensuite, une fauche par an sera amplement suffisante pour nettoyer, au printemps dans l’idéal. Si vous plantez des végétaux messicoles, il faudra remuer la terre une fois les graines tombées, afin qu’elles germent à nouveau.
Les plantes sauvages, utiles à la biodiversité végétale et animale, contribuent aussi au plaisir des yeux, du nez et des papilles des humains. Violettes odorantes, buglosses, ancolies, juliennes des Dames et cardères peuvent intégrer vos massifs floraux ou votre potager et seront excellentes à cuisiner.
Vous les sèmerez facilement dans des espaces libres à la volée, ou en caissettes ou en godets, sous abris. Le plus difficile sera de trouver des graines à semer de qualité. Plutôt que de les acheter dans le commerce, nous vous conseillons d’en trouver dans la nature sur des plantes matures et de les semer ensuite le plus rapidement possible.